Sans appel, sinon sans équivalent puisque aux élections du 28 mars 1993 la liste Union pour la France avait envoyé 472 députés à l’Assemblée nationale, La République en Marche confirme son irruption dans la vie politique française et son ancrage territorial de manière fulgurante. Emmanuel Macron peut espérer 400 députés pour l’aider à assurer la mise en œuvre de son programme. Le résultat est rare et d’une exceptionnelle qualité. On objecte, à juste titre, que la participation est historiquement basse à environ 49 %. C’est vrai et démontre, une nouvelle fois, que les législatives – telles qu’elles sont aujourd’hui couplées à l’élection présidentielle – amplifient les résultats pour donner au président élu les moyens d’agir. Et le mode de scrutin ne permet pas une bonne représentation des courants politiques. C’est pourquoi Emmanuel Macron envisage sa modification. À propos d’abstention, il est important de noter que ce sont les électeurs de la France insoumise (-53 %) et du Front national (-57 %) qui se sont le plus abstenus et non ceux de La République en Marche. Entendre dire aussi bien par Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou les responsables des frondeurs que la majorité serait fragile est étonnant car ils devraient s’interroger sur leur incapacité à mobiliser leur électorat… Aussi étonnant, et même carrément illogique sont les déclarations de la gauche « perdante » qui établissent une relation directe avec le mandat, pour eux raté, de François Hollande (c’est la version PS frondeurs) et qui appellent, encore et encore, à une mobilisation contre la casse sociale sans voir que leurs arguments répétés aussi lourdement ne pèsent pas face à une politique clairement affichée et répétée elle aussi sans crainte, avec lucidité et courage. Et pour mémoire, presque pour le « fun », on peut aussi sourire quand on voit ceux qui s’inquiètent de « la dictature parlementaire » alors qu’ils déclaraient il y a seulement quelques semaines que voter Emmanuel Macron serait voter pour un président qui n’aurait pas de majorité à l’Assemblée nationale. On sait que le ridicule n’étouffe pas.
Une immense espérance
Qui ne voit, sauf à ne pas le vouloir ou ne pas le pouvoir, que les Français ont tout simplement envie, après tant d’années de politique où l’hésitation est devenue celle de la stagnation du pays, que le Président réussisse. Avec une simple idée directrice : ils souhaitent que la France avance. Contrairement au mot facile – c’est une manie chez les commentateurs de les reprendre et de nous les imprimer comme vérité – je ne considère pas qu’il y ait une « Macronmania ». Comment peut-t-on avoir affirmé « Ça ne marchera jamais », formule qui a tourné en boucle pendant des mois… pour, sans rire ni sourciller, se plaire à peindre aujourd’hui l’étiquette « Macronmania » ? Les Français ne sont nullement devenus idolâtres, ils n’ont pas adhéré à une secte. Je ne nie pas qu’il y ait des comportements de suivisme et quelques enthousiasmes qui puissent apparaître juvéniles, mais j’ai toujours eu confiance dans le vote et n’ai jamais considéré mes compatriotes comme des décervelés sans réflexion. Ils sont, comme l’Histoire nous l’apprend, plutôt conservateurs dans leurs choix, fidèles à leur courant – gauche, droite – jusqu’à ce que la goutte d’eau du ras-le-bol provoque un subit raz-de-marée. C’est alors un tsunami qui contraste fortement avec les climats tempérés d’ordinaire appréciés et considérés comme une des grandes qualités du pays. Nous vivons un de ces moments passionnants. Un moment de grand intérêt pour la politique. Pour que je sois bien compris, je considère que cette immense espérance vaut bien sûr pour les électeurs de La République en Marche, mais aussi pour ceux de la France insoumise. Mais un leader sait rassembler et l’autre n’a eu de cesse, durant toute sa longue vie politique, de proférer les anathèmes et de casser toutes les unions qui lui ont été proposées. Le premier, Emmanuel Macron, veut l’unité du pays alors que le second, dans un de ses nombreux débordements inquiétants déclare à propos des élections législatives : « Si les candidats de Macron gagnent, ce sera de la baston méchante ». Nous en sommes donc là… Il est vrai que lorsque l’on traite François Hollande, ancien président de la République, de « pauvre type » la politique passe dans une autre dimension, celle du dangereux délire.
Et à Montreuil ?
Ma ville serait-elle devenue une ville comme les autres ? J’espère que non sur de nombreux points qui font sa qualité, mais politiquement si son image et son désir de « laboratoire de la gauche » pouvaient, ne serait-ce qu’un peu, laisser place au vrai débat d’idées plutôt que de considérer ses habitants comme des cobayes de laboratoires aux diverses – et tordues le plus souvent – expérimentations, je ne m’en porterai que mieux. Et je ne pense pas être le seul dans ce cas. Alors Montreuil en marche, oui puisque Mme Halima Menhoudj, candidate de La République en Marche, sort en tête du premier tour, avec plus de 1 000 voix d’avance sur M. Alexis Corbière.
Je voterai pour elle le 18 juin. Mes amis d’En Marche ! (je suis un adhérent de la première heure du comité Montreuil en Marche !) le savent, je n’ai pas voté pour elle hier. En effet, le jour de sa désignation, sachant qu’elle serait obligatoirement qualifiée pour le second tour, j’avais exprimé cette intention pour une raison que je peux résumer simplement. Compte-tenu de critères que je considère être importants et que j’ai tenté de m’appliquer quand je fus moi-même élu, je considère que Mme Halima Menhoudj pouvait se voir opposée des candidats qui me semblaient, davantage qu’elle, être porteurs d’un investissement et d’un comportement politique plus en phase avec les valeurs déclarées – et que je vivais dans mon comité local – par La République en Marche. Je reste surpris en effet qu’elle demeure membre, donc soutien actif, d’une majorité municipale où le PCF agit à sa guise. Si je me suis mis « en congés » avant ce premier tour, je n’ai en revanche en rien développé publiquement ce point de vue personnel. La campagne électorale de La République en Marche pouvait aisément se passer de mon concours… la preuve en est le résultat dont je me réjouis.
Pour ce second tour qui s’annonce, je n’ai aucune hésitation et j’appelle tous ceux qui m’accordent un crédit à me suivre. Non seulement, je n’ai pas changé d’avis sur mon soutien à Emmanuel Macron, mais je souhaite qu’il obtienne la plus grande majorité possible. Mieux, je considère que si Montreuil lui donnait une députée, ce serait hautement symbolique de son évolution politique si souvent entravée par des comportements politiques et luttes de « personnalités » qui nuisent à la confiance des citoyens dans le politique. Non seulement Montreuil est en marche, et je souhaite ce chemin le plus long possible, mais avec M. Alexis Corbière nous héritons d’un particulier personnage. Je ne parle pas de ses idées, partagée peu ou prou par ailleurs par un autre candidat, M. Gaylord Le Chequer. Je les respecte tout en les combattant. En revanche, clone de Jean-Luc Mélenchon et comme toutes les copies plus pâles par nature que l’original, M. Corbière en ajoute dans l’outrance et la caricature. Ces maux qui entraînent la politique dans la grossièreté et qui, les responsables de la France insoumise devraient y réfléchir, est une tâche qui n’est pas acceptée par certains de leurs électeurs. À telle enseigne que, pour cette raison première, beaucoup ont quitté le navire pour les législatives alors qu’ils en étaient de valeureux moussaillons albatros pour la présidentielle. On ne peut pas, par le langage et le comportement de dédain, salir la politique sans conséquences. Les mains sales… pourquoi pas, mais il faut alors la hauteur d’âme de Hugo dans la si belle pièce de Jean-Paul Sartre. M. Corbière s’interroge ainsi sur Emmanuel Macron : « Comment un homme de 39 ans peut-il être élu avec un parti qui vient d’apparaître il y a un an ? ». Tout simplement par la voie démocratique des élections qui n’a placé son parti que quatrième au premier tour de l’élection de la présidentielle et ne lui a accordé que 11 %. Une telle réalité, niée, qui semble lui échapper comme à son mentor… cela doit relever pour partie d’un trauma personnel. Un homme du déni. Et de la violence puisqu’il annonce : « A trop violenter ce pays, ça peut mal finir. ». Serait-ce une menace ? À écouter ces propos, je ne sais plus trop, franchement, de quelle couleur sont les chemises des leaders de la France insoumise, et je redoute à voir la politique devenir celle de leur défilé.
Dans les circonstances importantes, j’essaie de ne jamais confondre l’anecdote avec l’essentiel. Or le vote décisif du second tour dimanche prochain est essentiel.