
Magnifique exposition de Gerhard Richter au Centre Pompidou (Beaubourg) jusqu’au 26 septembre. A voir et à revoir. Si le tableau Juni (1983) met en œuvre plusieurs techniques de peinture au service d’une œuvre abstraite, on retrouve la précision de la composition et du geste d’un peintre aux multiples « périodes ». Parmi les nombreuses œuvres de cette exposition Panorama, on est saisi dans l’hommage rendu par le peintre virtuose à Vermeer ou au Titien sans trop s’étonner toutefois puisque Gerhard Richter, à l’inverse de Marcel Duchamp qu’il interpelle aussi avec quelques uns de ses tableaux présents à Beaubourg, considère que la peinture n’est pas morte : « Je me considère comme l’héritier d’une immense, fantastique et féconde culture de la peinture que nous avons perdue, mais dont nous sommes redevables. » Chronologique, cette rétrospective de grande importance nous permet de vérifier qu’un artiste qui suit son chemin ne suit pas nécessairement la même voie… mais que toujours il nous interroge avec un sens qui émerge de toute son œuvre. D’ailleurs le peintre allemand, né à Dresdes en 1932 et formé à l’Est jusqu’à sa fuite accompagné de sa femme Marianne par le métro Berlinois pour la République fédérale en 1961, ne met-il pas l’idée, fût-ce avec un certain regard inquiet, au centre de son œuvre : « Cette force énorme, ce pouvoir effrayant de l’idée qui va jusqu’à la mort. Pour moi, c’est bouleversant, inexplicable, que nous produisions des idées qui, presque toujours, sont non seulement, complètement fausses, mais surtout néfastes. L’enjeu des guerres des religions et que sais-je encore, n’est que balivernes, et nous y adhérons férocement, fanatiquement jusqu’à la mort. (Textes, 1989) » Ou encore dans des notes de 1988 : « La réalité funeste, la réalité inhumaine. Notre indignation. Impuissance. Échec. Voilà pourquoi je peins ces tableaux. » Et pourtant, c’est un apaisement qui surgit de ces toiles peintes d’après photographies où le flou efface les tourments, notamment dans ces paysages, où nuages, champs et bocages et vagues de mer ne sont plus « réalité » mais œuvres d’art du peintre, mais aussi images de notre perception. Avec peut-être autant d’espoir commun de repos retrouvé face à la nature.
Tous les jours, sauf le mardi de 11h00 à 21h00. Nocturnes les jeudis jusqu’à 23h00. 13 €, tarif réduit 10 €. Gratuit avec le Laissez-passer annuel et les moins de 18 ans.